Pionnier du rock lo-fi, l’ex-Guided By Voices se réincarne en chanteur country-folk mélancolique.
Tobin Sprout est un artiste touche-à-tout qui cumule les activités de peintre, d’illustrateur et d’auteur de livres pour enfants. C’est pourtant sur ses talents de guitariste et de songwriter que l’homme a bâti sa réputation en tant que membre de Guided By Voices, pionniers influents du rock lo-fi made in USA. Aux côtés du très prolifique Robert Pollard, Sprout a ainsi occupé un rôle clé au sein du groupe de Dayton pendant l’une des périodes les plus fécondes de son histoire, celle qui les a notamment vus signer les éternels Bee Thousand (1994) et Under The Bushes Under The Stars (1996).

Empty Horses, le septième chapitre d’une carrière solo confidentielle initiée au milieu des années 90, possède cependant très peu en commun avec l’indie-rock « basse fidélité » de son ancienne formation. Avec ce beau disque autobiographique, Tobin Sprout se dévoile en effet sous un jour inédit, chevauchant avec solennité les terres poussiéreuses du country-folk chères à Townes Van Zandt ou à Johnny Cash, la chanson-titre faisant justement revivre l’art du storytelling ténébreux dont l’Homme en Noir avait le secret. Délimité par deux courtes pièces pour piano-voix fragiles comme du cristal (Wings Prelude et No Shame), auréolé de subtiles empreintes de pedal steel (Breaking Down), Empty Horses déroule une suite de ballades mélancoliques qui conjuguent de la plus belle des manières émotion et sobriété (On Golden Rivers).