Veronica Falls, Ultimate Painting, The Proper Ornaments… Il y a cinq ans, James Hoare était partout. Omniprésent et inarrêtable. Mais depuis, pas mal de choses ont changé. Les Veronica Falls n’existent plus. Et après avoir pleuré la disparition prématurée du batteur Patrick Doyle, Roxanne Clifford s’apprête à sortir son premier album solo sous le nom de Patience. Quant à Ultimate Painting, l’aventure a pris fin il y a un peu plus d’un an juste avant la parution d’un nouvel album chez Bella Union (Up!). Jack Cooper vient d’ailleurs de publier un EP avec une nouvelle formation intitulée Modern Nature. On vient de le voir : aujourd’hui, chacun fait son petit truc dans son petit coin, et James Hoare n’a plus que The Proper Ornaments dans sa petite besace.
Un peu plus de deux ans après Foxhole, le duo qu’il forme avec Max Claps (qui fait aussi partie de TOY) est donc de retour avec un quatrième long format au titre renvoyant au Surréalisme. Six Lenins fait clairement référence aux Hallucinations Partielles de Dali, et plus particulièrement au tableau Six Images de Lénine sur un Piano. Faut-il y voir un disque « drogué » ? Pas du tout. Bien au contraire, si Foxhole était marqué par les soucis d’addiction et leurs conséquences sur le moral des troupes, Six Lenins s’apparente à un retour à la surface. Exit les couleurs pâles qui émanaient de Foxhole, ici – sans aller jusqu’à parler de sunshine pop, mais quand même un peu… – les vignettes mélancoliques et rêveuses de The Proper Ornaments se veulent bien plus lumineuses.

Enregistré en seulement deux semaines, et en partie composé par un Max Claps se remettant d’une hépatite, Six Lenins ne laisse guère de place à ce qui pourrait aussi renvoyer à l’idée d’une possible Révolution. Certes, on distingue bien quelques petits bouts d’électronique (Song For John Lennon, Bullet From a Gun, Old Street Station) que l’on ne décelait pas forcément auparavant. Mais The Proper Ornaments restent dans la continuité de ce qu’ils savent faire de mieux. Comme si elles étaient faites l’une pour l’autre, les guitares s’entrelacent toujours à merveille. Que ce soit dans les moments les plus enlevés (Crepuscular Child, l’hyper Velvet In The Garden). Ou dans les temps calmes. Notamment sur Apologies, un titre qu’Hoare et Claps ont longtemps pensé à intituler Oasis, tellement « la chanson, son contexte, aurait pu convenir à Noel (Gallagher). Et à Liam », expliquait James Hoare il y a quelques jours dans les pages de The Big Take Over.
Non, si Révolution il y a, c’est avant tout dans l’état d’esprit. Et c’est la fleur dans les cheveux que l’on écoutera Where Are You Now et les harmonies de Can’t Even Choose Your Name, deux petites splendeurs prouvant une fois de plus le talent mélodique hors-pair de The Proper Ornaments. On pense notamment au White Album des Beatles. Dans Six Lenins, ce sont elles – les mélodies – qui prennent définitivement le pouvoir. Un régime sous lequel on serait prêt à se soumettre… Sans jamais vraiment chercher à le renverser.
Tracklisting
1. Apologies
2. Crepuscular Child
3. Where Are You Now
4. Song For John Lennon
5. Can’t Even Choose Your Name
6. Please Release Me
7. Bullet From A Gun
8. Six Lenins
9. Old Street Station
10. In the Garden
Discographie
Waiting For The Summer (2013)
Wooden Head (2014)
Foxhole (2017)
Six Lenins (2019)