Trois décennies déjà se sont écoulées depuis la sortie du premier album de The House Of Love. À cette occasion, ce chef-d’œuvre de la pop anglaise sera réédité en coffret 5 CD (Cherry Red Records) dès septembre, et sera suivi d’une tournée de six dates en novembre Outre-Manche.
The House of Love voit le jour en 1986 en même temps que ses compatriotes McCarthy, The Sea Urchins, Inspiral Carpets ou les Gallois Manic Street Preachers. Les singles Shine On puis Real Animal en 1987 vont s’imposer instantanément, marquant le commencement d’une période faste pour le groupe. Leur premier album sort l’année suivante. Guy Chadwick et Terry Bickers apparaissent sur la pochette. L’un déterminé, l’autre en doux rêveur. Cet antagonisme visuel se retrouvera dans les textes très tourmentés du groupe, maniant à la perfection les figures de style d’opposition. Christine, Hope, Love in a Car, Sulphur…On ne sait plus où donner de l’oreille tant les tubes s’enchaînent. L’alchimie opère. La guitare de Terry Bickers enlaçant à la perfection la voix de Guy Chadwick. Ces deux-là se sont trouvés, c’est une évidence. Alors l’aventure se poursuit. Un second uppercut s’abat sur nos platines en 1989. L’antinomie se poursuit à travers ce majestueux Nymphalis antiopa (référence au quartier londonien de Camberwell d’où les membres du groupe sont originaires) et ce fond urbain qui ornent la pochette. Les titres Beatles And The Stones, Hedonist, Loneliness Is A Gun, Plastic… agissent tel un ricochet qui n’en finit plus de nous ensorceler. Les thèmes abordés sont universels : l’amour interdit à transgresser absolument quitte à vendre son âme au diable (Road, Sulphur), la spiritualité (Man To Child, Salome, Plastic, Shine On) traitée parfois avec ironie (Hedonist), la solitude devenue trop pesante (Loneliness is a Gun), sans oublier l’absurdité des conflits comme « The Troubles » en Irlande du Nord.
The House of Love bénéficie d’une certaine notoriété en France. Une tournée est organisée en 1991 dont un concert à l’Olympia qui sera d’ailleurs retransmis en direct dans l’émission de Bernard Lenoir sur France Inter.
Malgré une popularité grandissante, les tensions se multiplient en interne mais aussi avec leur maison de disques, Creation Records. Celle-ci souhaite les modeler à sa façon en même tant qu’elle échoue à assurer leur promotion. Les deux albums suivants seront signés chez Fontana. Tout d’abord le très réussi Babe Rainbow en 1992, sur lequel l’empreinte Madchester est perceptible à travers certaines de ces nouvelles compositions, notamment avec You don’t Unterstand et Crush Me. Ces titres nous renvoient presque instantanément à la guitare planante de John Squire et aux facétieux Happy Mondays. Pourtant, cette majestueuse collaboration semble consommée. Audience With The Mind (1993) est un échec commercial. Terry Bickers met un terme à cette association, quittant le groupe la même année. Guy Chadwick officiera brièvement en solo à travers son très intimiste Lazy, Soft & Slow en 1997.
Les très inespérées retrouvailles auront pourtant bien lieu avec Days run away en 2005 (V2) dont la pochette n’est pas sans rappeler celle de London 0, Hull 4 des Housemartins. Puis vient She Paints Words in Red en 2013 (Cherry Red), plutôt Beatles que Stones d’ailleurs. Le très folk Holy River nous plonge dans la thématique des grands espaces, tandis que Trouble In Mind apparaît sans conteste comme une ode aux Fab Four. Enfin, A Baby Got Back On Its Feet fait quant à lui ressurgir ponctuellement le fantôme de Pete Townshend.
Beaucoup évoquent une discographie aux allures de montagnes russes. Probablement. Mais une chose est certaine, The House of Love est bel et bien entré dans notre Panthéon pop et ce pour notre plus grand bonheur.
Discographie :
The House Of Love (1988)
The House Of Love (1989)
A Spy in The House of Love (1990)
Babe Rainbow (1992)
Audience With The Mind (1993)
Days Run Away (2005)
She Paints Words In Red (2013)
Crédit photo : Suzie Gibbons