Une cure de jouvence pour Robert Smith and Co. Avec Torn Down, le capitaine du navire prouve encore une fois que The Cure a marqué le monde de la musique et que son répertoire est intemporel et moderne !
Quand on est fan d’un groupe, on est fan pour la vie et on attend avec fébrilité toute nouveauté ou annonce. Dans ce domaine là, Robert Smith est expert. Il mène The Cure, créé il y a 40 ans, d’une main de fer dans un gant de velours. C’est lui qui gère toute la communication. L’année dernière, il annonçait un concert exceptionnel à Londres à Hyde Park afin de fêter dignement cet anniversaire du groupe The Cure. Le 07 juillet 2018, 60.000 personnes seront ainsi attendues dont mon copain, une amie et moi. Robert Smith ne faisant jamais les choses à moitié, il a décidé d’inviter les artistes qu’il aime, et l’on retrouvera ainsi sur scène pour l’occasion Slowdive, Goldfrapp, The Twilight Sad, Ride, Interpol, Editors, Pale Waves, This Will Destroy You, Lisa Hannigan ou bien encore Kathryn Joseph… une belle journée en perspective. Entre temps, Robert Smith est le programmateur du Meltdown Festival (pas moins de cinquante groupes sélectionnés par Mr. Smith, de Nine Inch Nails à My Bloody Valentine en passant par The Notwist, The Soft Moon, The Church, ou Suzanne Vega pour ne citer qu’eux !), le concert de cloture sera un concert de CURÆTION-25, Robert Smith and friends sur scène pour un moment unique et forcément épique et historique.
On en arrive à cet album: pour la réédition de Mixed Up (une compilation des remixes de The Cure), paru en 1990, Robert Smith propose un nouvel album de remixes, Torn Down : Mixed Up Extras 2018. Mais comme il ne fait encore une fois jamais les choses à moitié, cet album a été pensé et réalisé par les mains du chef d’orchestre. Ce n’est donc pas une simple compilation mais bel et bien un nouvel album conçu pour revisiter toute la carrière du groupe, soit près de seize albums et best of. Robert Smith a choisi la meilleure chanson de chaque disque pour faire découvrir le groupe à un néophyte. Ici on ne trouvera pas les hits qui ont construits la réputation mondiale du trio de Crawley, mais un répertoire moins connu et ça c’est une sacrée bonne idée !
L’album paru en avant première en double vinyle picture disc édité à 7.000 exemplaires dans le monde lors du Disquaire Day du 21 avril dernier (ndlr. jour d’anniversaire de Robert Smith, qui fêtera en 2019 ses 60 ans, les 40 ans de l’album Three Imaginary Boys, les 30 ans de l’album Disintegration et peut-être une tournée mondiale pour célébrer l’ensemble et un nouvel album… on verra bien d’ici là !) est conçu par ordre chronologique. Je ne m’attarderai pas sur le visuel de cet album, pas forcément une réussite !
On commence donc par la chanson éponyme au premier album Three Imaginary Boys, Robert Smith a revisité cette ballade mélancolique en bidouillant le rythme et les instruments. Chaque titre de chanson est suivi d’un sous-titre donné au mix – ici on est sur le Help Me mix, c’est peut-être un détail pour vous mais pour moi ça veut dire beaucoup puisque c’est une référence aux paroles ou à l’ambiance de la chanson. On poursuit sur M, attack mix, que l’on retrouve sur Seventeen Seconds. Ce remixe propulse cette chanson dans une nouvelle dynamique. C’est aussi avec ce genre d’exercice que l’on s’aperçoit de la qualité d’écriture des chansons et que même avec une nouvelle sonorité elle est toujours aussi efficace. On passe à The Drowning Man, bright birds mix, parue sur l’album Faith, encore ici une revisite bouleversante d’une chanson froide et d’une tristesse délicieuse. Robert Smith emmène ce titre vers des nouveaux horizons au delà des océans. Somptueux, vraiment ! On enchaine sur A Strange Day, drowning waves mix, (album Pornography), je l’imagine bien derrière son ordinateur en choisissant tel effet plutôt que tel autre. On passe ensuite sur Just One Kiss, remember mix, la face B de Let’s Go to Bed, parue sur la compilation Japanese Whispers, une chanson qui n’a pas pris une ride, il s’en dégage toujours autant de mélancolie. L’album The Top est proposé avec la relecture de Shake Dog Shake, new blood mix, d’une noirceur toujours palpable ! L’album The Head on the Door, le disque qui a donné naissance aux clones de Robert Smith dans le monde, est représenté par A Night Like This, hello goodbye mix, qui s’envole vers une dimension dance, le saxo est toujours présent, on tape du pied, le sourire aux lèvres. S’ensuit Like Cockatoos, lonely in the rain mix, extrait de l’album Kiss Me Kiss Me Kiss Me, un choix intéressant tiré d’un double album riche en ambiances et en singles qui ont forgés la réputation du groupe. Plainsong, edge of the world mix, illustre l’album Disintegration, la consécration mondiale. La guitare électrique de Never Enough, time to kill mix tourbillonne, single paru le 13 septembre 1990, la version remixée est inclue sur la compilation Mixed Up. J’aurai préféré un remixe de la face B Harold and Joe mais bon, je chipote ! From the Edge of the Deep Green Sea, love in vain mix, illustre l’album Wish, un album qui installe définitivement le groupe comme l’un des grands groupes incontournables dans le monde. L’album Wild Mood Swing est représenté avec la chanson Want, time mix, la voix s’élève fiévreuse et énervée. The Last Day of Summer, 31st august mix, est toujours une belle ballade mélancolique comme seul Robert Smith sait écrire, parue à l’origine sur l’album Bloodflowers. Cut Here, if only mix, est une chanson sortie le 29 octobre 2001 que l’on retrouve sur la compilation Greatest Hits. C’est l’anagramme de The Cure, Robert Smith a écrit cette chanson pour rendre hommage a son ami Billy Mackenzie du groupe Associates, qui s’est suicidé en 1997. Cette chanson est pour moi l’une des plus belles du répertoire du groupe. Lost, found mix, s’aventure dans des contrées limite jungle / drum and bass, écoutez l’originale sur l’album The Cure. On termine ce disque par la bien nommée It’s Over, whisper mix, parue sur 4:13 Dream en 2008.
On sait Robert Smith féru de littérature, il rend encore hommage à Albert Camus avec cette citation imprimée sur la pochette intérieure de l’album Torn Down : « I began not by feeling torn, but in plenitude« . La phrase complète est » Je suis né pauvre et sans religion, sous un ciel heureux, dans une nature avec laquelle on sent un accord, non une hostilité. Je n’ai donc pas commencé par le déchirement, mais par la plénitude. Albert Camus, 1948.« .
Je ne regrette pas m’être levé tôt ce samedi 21 avril 2018 pour être aux alentours de 8h45 au 72, rue Crozatier dans le 12e à Paris devant le disquaire Hands and Arms. J’ai pu rencontrer Dominique qui était la première arrivée pour acquérir la version limitée du premier album de Suede (ndlr, qui a annoncé il y a quelques jours la sortie de leur nouvel album The Blue Hour pour le 21 septembre 2018), j’ai aussi acheté cet album, et d’autres pépites du Disquaire Day. Yves, le disquaire, nous a accueilli avec sa copine en nous proposant cafés et pasteis de nata pour attendre l’ouverture officielle des portes à 10h00. C’était une bien belle journée, le soleil était aussi de la partie, la file grandissait, ça discutait musique dans une ambiance bonne enfant et la musique était fêtée comme il se doit.
Je prends plaisir à écouter ces nouvelles chansons de l’un de mes groupes phares qui a forgé l’homme que je suis maintenant. Les revisites sont plaisantes et apportent une nouvelle lecture étonnante. Pour les néophytes je conseille vivement ce disque qui propose toute la richesse d’un répertoire tout simplement exceptionnel (qui a dit que je n’étais pas objectif ?) L’album sera disponible dans sa version CD le 15 juin 2018. Procurez-vous le format deluxe qui contient trois disques : le remaster de Mixed Up, Mixed Up extras 1982-1990 et Torn Down.
Discographie :
Three Imaginary Boys (8 mai 1979)
Seventeen Seconds (22 avril 1980)
Faith (14 avril 1981)
Pornography (4 mai 1982)
The Top (22 mai 1984)
The Head on the Door (13 août 1985)
Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me (25 mai 1987)
Disintegration (2 mai 1989)
Wish (21 avril 1992)
Wild Mood Swings (7 mai 1996)
Bloodflowers (15 février 2000)
The Cure (29 juin 2004)
4:13 Dream (27 octobre 2008)
Albums live :
Concert: The Cure Live (16 octobre 1984)
Entreat (11 septembre 1990)
Show (19 octobre 1993)
Paris (26 octobre 1993)
Bestival Live 2011 (5 décembre 2011)
Compilations
Boys Don’t Cry (5 février 1980)
Happily Ever After (8 septembre 1981 – sortie américaine contient Seventeen Seconds et Faith)
Japanese Whispers (6 décembre 1983)
Standing on a Beach / Staring at the Sea (6 mai 1986)
Mixed up (20 novembre 1990)
Galore (28 octobre 1997)
Greatest Hits (13 novembre 2001)