En Angleterre, Nick Hedges est à la photo ce que Ken Loach est au cinéma. À la fin des 60’s, il a parcouru son pays pour mettre sur pellicule les conditions déplorables dans lesquelles pouvait vivre la « working class » britannique . Birmingham, Leeds, Bradford, Londres… Ça lui a pris trois ans. Nick Hedges est aussi passé par Manchester. C’est là qu’il croisera ces quatre ados toutes pimpantes. Insouciantes dans ce dédale de briques écrasé par la brume et la grisaille. Ces « Teenage Girls at Dusk Salford » (1969) semblent vouloir jouer un mauvais tour au destin qui leur est promis, et le cliché de Hedges illustre à merveille le propos du quatrième album de Steve Mason.
Car cette fois, l’ex-Beta Band semble avoir mis de côté son scepticisme social et politique (Monkey Minds in the Devil’s Time, 2013). Exit aussi les plongées introspectives, parfois sombres, de Meet The Humans (2016) et de Boys Outside, son premier album solo sorti en 2010. Ça ne durera peut-être pas (bien que ce ne soit pas qu’on lui souhaite), mais Steve Mason aurait enfin trouvé la sérénité. L’effet « mariage + enfant » l’aurait conduit à reconsidérer ses priorités. L’idée ? Rester positif. Malgré tout. About The Light… Finalement, tout est aussi dans le titre.

Cette volonté aura en tout cas amené Steve Mason à sortir de sa zone de confort. Alors qu’il a toujours composé seul depuis la fin de The Beta Band, l’Ecossais s’est cette fois entouré de ses musiciens. S’ils l’ont soutenu dans le processus de création, ils l’ont aussi accompagné dans l’enregistrement effectué dans des conditions « live ». La faute au producteur, un certain Stephen Street (The Smiths, Blur, New Order) qui – visiblement – y tenait absolument. C’est aussi Stephen Street qui aurait convaincu Mason de faire appel à des chœurs féminins ainsi qu’à une section de cuivres, pour lesquels le studio 13 de Damon Albarn a été mis à contribution pour leur mise en boîte. D’où le côté « rétro soul » de certains passages, à l’image du premier single Stars Around My Heart ou encore du titre d’ouverture America is Your Boyfriend.
Mais ce que l’on a pu aimer chez The Beta Band – dans ce qu’il avait de plus Floydien, mais pas seulement – n’est jamais très loin. On le retrouvera régulièrement dans les parages. Notamment avec Rocket et son somptueux final, ainsi que Fox On The Rooftops, résolument bâti sur les mêmes bases. Ces deux titres font partie des grands moments de ce disque où l’on distingue aussi l’empreinte d’un autre grand d’Ecosse. Oui, ici il s’agit bien de Primal Scream. Période 91-94. Avec une petite pensée pour Screamadelica (Rocket, About The Light) et une autre pour Give Out But Don’t Give Up (Walking Away From Love).
Ailleurs (No Clue), difficile de ne pas penser aux Smiths et à la guitare claire de Johnny Marr. L’autre empreinte de Stephen Street sur cet album qui s’apparente comme étant le plus direct, et le plus accessible de la carrière en solitaire de Mason. About The Light est aussi un disque qui se veut bienveillant à notre égard. Et quelque part, c’est toujours bon à prendre.
Tracklisting
1. America Is Your Boyfriend
2. Rocket
3. No Clue
4. About The Light
5. Fox On The Rooftop
6. Stars Around My Heart
7. Spanish Brigade
8. Don’t Know Where
9. Walking Away From Love
10. The End
Discographie
Boys Outside – 2010
Monkey Minds in the Devil’s Time – 2013
Meet The Humans – 2016
About The Light – 2018