Issu d’une nouvelle vague d’agitateurs soniques en provenance de Leeds, Mush s’est fait connaître outre-Manche avec un morceau de dix minutes dont l’intitulé résonne tristement avec l’actualité de ces dernières années, Alternative Facts. Sorti initialement dans le cadre du Singles Club du label Too Pure, le titre est aujourd’hui repris en conclusion de 3D Routine, le premier long format de ce quatuor venu du Yorkshire. Produit par Andy Savours (My Bloody Valentine, The Pains of Being Pure at Heart), celui-ci succède à l’EP inaugural Induction Party, sorti en mai 2019. Somme d’une addition simple et percutante (chant frénétique + rythmique tendue + guitares anguleuses), les compositions du groupe puisent autant dans le slacker-rock US (Pavement, Parquet Courts) que dans le post-punk grisâtre de ses contrées d’origine (Gang Of Four, The Fall). « Fondamentalement, nous nous identifions comme des fans de musique autant que des artistes. J’écris de la musique que je veux entendre pour mon plaisir personnel », explique le chanteur-guitariste Dan Hyndman. Les références musicales de Mush sont évidemment très perceptibles, mais l’enthousiasme qui affleure des chansons de 3D Routine l’est également. Toutefois, pour ces jeunes gens qui entrent dans l’âge adulte à l’ère du Brexit et de la post-vérité, impossible de faire l’impasse sur les questionnements politiques et sociaux de l’époque. Dans ses textes, Mush avait déjà montré sa singularité en traitant du cas d’un ex-agent secret russe mort par empoisonnement (Litvinenko). Ici, ce sont des thématiques comme la paupérisation des jeunes (Revising My Fee) ou les luttes de pouvoir au sein du parti conservateur (Coronation Chicken) qui nourrissent le post-punk urgent et sarcastique servi par l’une des formations les plus excitantes de la scène britannique de 2020. Même en trois dimensions, la routine a parfois du bon.