Les Secrets les Mieux Gardés de la Pop (11) : Gold Celeste

Simen Hallset, le chanteur et bassiste du groupe norvégien Gold Celeste, qui joue aussi, dit-il, de tout ce qui traîne dans le studio, de l’orgue, des synthés, des percussions, des congas et de la guitare, a évoqué avec nous la sortie de nouvelles chansons et du très attendu deuxième album, mais aussi du Moonwalk, de Jackass et de Curtis Mayfield.

Bonjour Simen, si tu devais te décrire en quelques mots ?

Je suis un jeune homme en pleine croissance personnelle, musicale et intellectuelle. Vers les 20 ans, je me suis lancé à fond dans tout ce qui touchait de près ou de loin aux sons et à la musique. Avec des copains, on s’est bidouillé un studio d’enregistrement. Je fais tout ce que je peux pour être le plus honnête possible dans tout ce que je vis, même si parfois ça se retourne contre moi !

Où est-ce que tu es né ?

A Førde, sur la côte ouest de la Norvège. C’est devenu une ville en 1997, ça ressemble plutôt à un amalgame de centres commerciaux et de parkings. Depuis quelques années, il y a une tentative de la rendre plus humaine, avec des zones piétonnes le long des rivières et des espaces verts. Malgré sa réputation de ville la plus moche de Norvège, les alentours faits de fjords et de montagnes sont magnifiques, inspirants et la véritable âme de la ville.

Est-ce que tes parents écoutaient de la musique à la maison ?

Oui beaucoup ! Mes parents sont deux dingues de musique. Mon père m’a fait connaître Neil Young, Clapton, Led Zeppelin, The Clash, mais aussi le jazz, qui m’a happé un peu plus tard. On écoutait des K7 dans la voiture. Je me revois aussi en train de chantonner tous les jingles des pubs qui passaient à la télé quand j’étais petit. Les moments musicaux les plus marquants de mon enfance, c’est quand j’ai écouté pour la première fois les albums History de Michael Jackson et Americana de Offspring.

Gold Celeste

Quelle est ton influence musicale principale ?

J’ai toujours beaucoup accroché avec toute la musique de la génération de mes parents, les années 60 et 70, surtout quand j’ai commencé à savoir jouer un peu. J’aime la nature profonde de ces morceaux, ils sonnent vrais,  humains, et ils utilisaient une palette d’accords, de mélodies, d’arrangements et de structures que je trouve plus riches que dans la pop actuelle. Mes parents m’ont soutenu dans ma démarche artistique, en même temps il n’y avait pas grand chose d’autre qui m’attirait.

Est-ce que tu aurais une petite anecdote d’adolescence à me raconter ?

Avec mes copains, nous étions très influencés par la culture Jackass, ça nous rendait à la fois très créatifs, ouverts d’esprit et complètement désinhibés, mais aussi nihilistes et peu respectueux des autorités. Je me souviens qu’on créait des petits films stupides, on nous y voit en train de conduire des caddies un peu partout en faisant les débiles, on allumait des feux d’artifices armés à l’envers, on fabriquait des petites bombes, on faisait du skate à poil. Dès qu’il y avait une caméra, tout devenait permis. On composait la bande originale, on s’occupait du montage, de la post-production de ces films amateurs, c’était notre moyen d’expression. Ça s’est terminé quand j’ai eu la vingtaine par des beuveries et quelques faits d’armes, on provoquait les gens, on gueulait sur les vigiles, on crachait notre mépris généralisé du nouvel ordre mondial et de la police, c’était notre façon à nous d’aller vers l’âge adulte. J’avais besoin je crois de ce type de comportement erratique pour pouvoir grandir, expérimenter le pire et le meilleur en moi, mes hauts et mes bas.

Est-ce que tu pourrais me donner 2 chansons qui t’émeuvent tout particulièrement ?

People Get Ready des Impressions. Cette chanson, c’est ce dont le monde a besoin, d’unité et d’espoir. Les paroles tout comme la musique sont une sorte de prière à une entité qui nous dépasse. Je ne suis pas religieux et quand Curtis Mayfield évoque le Seigneur, moi j’entends but commun, amour, respect. La mélodie est parfaite, avec son côté un peu fragile mais suffisamment forte pour délivrer son message et faire réfléchir, sans trop s’imposer. Le rythme et les arrangements font le reste pour que tu aies envie de monter à bord. Je dirais aussi Peace Piece de Bill Evans. Dur d’ajouter quoi que ce soit, c’est la sérénité ultime, et en même temps il passe par tous les états émotionnels possibles, c’est de l’art pur.

Est-ce qu’il y a un artiste vers lequel tu reviens tout le temps ?

Curtis Mayfield.

Si tu étais un personnage historique, qui serais-tu ?

Homer Simpson.

Quel est le premier album qu’on t’a offert ?

History de Michael Jackson, on peut dire tout ce qu’on veut de lui mais c’était un très grand artiste. J’adorais ses morceaux les plus sirupeux, les trucs qui te brisent le cœur, super sentimentaux. Je me revois en train de danser dans ma chambre sur ceux aux rythmes délirants. Même si mon talent était quand même limité !

Alors c’est toi qu’on voit faire le Moonwalk dans la vidéo de votre single sorti en mars, The Best Trip ?

C’est Torstein, c’est notre maitre du Moonwalk. C’est le yogi de la bande et il pratique la pleine conscience. Je ne me souviens plus s’il le fait sur scène mais mais il est connu pour s’accroupir derrière l’orgue quand il oublie les accords !

 

Est-ce que tu as un endroit particulier pour composer ?

Partout, tout le temps, et je chantonne dans mon téléphone. Ou à la maison sur ma guitare acoustique aux cordes en nylon. On enregistre souvent nos impros en studio et ça constitue le socle de nouvelles chansons.

Est-ce que tu joues d’un autre instrument en plus de la basse ?

Je joue un peu de tout ce qui traîne dans le studio, de l’orgue, des synthés, des percussions, des congas et de la guitare. J’aimerais aussi apprendre les cuivres, les instruments à vents et à cordes. Petter et Torstein font des combats de flûte, une petite compétition très positive. Peut-être qu’Eirik et moi devrions nous lancer des défis au violon et voir qui est le meilleur !

Quelle est ton approche de la mélodie ?

Il y a certaines mélodies qui restent et d’autres pas, c’est peut être le signe qu’elles ne sont pas assez bonnes. Parfois je retrouve des bribes de démos que j’avais complètement oubliées et j’essaie d’en faire quelque chose. Il y en a certaines pour lesquelles tu enregistres plein de versions différentes mais ça ne colle toujours pas. L’idée de créer une chanson est plus importante que la chanson elle même, mais parfois il faut juste laisser tomber.

Gold Celeste

Ta manière de chanter me fait un peu penser à Dave Allen du groupe Hal, tu as entendu parler d’eux ?

Non, je ne les connais pas, mais je suis toujours heureux de découvrir de nouveaux groupes.Vocalement, mes influences sont plutôt diverses. J’aime l’honnêteté de la voix de Neil Young, la flamboyance de celle de Marc Bolan et celle pleine d’âme de Curtis Mayfield. Thom Yorke a sans doute été mon influence dominante quand j’ai commencé à chanter, il atteint les notes hautes sans que ça ait l’air forcé. Comme je joue de la basse, c’est naturel pour moi de mettre une certaine distance entre le son plutôt grave de l’instrument et la voix, c’est intuitif et quand j’écris je laisse de la place pour ces variations.

Est-ce que vous avez un nouvel album en préparation ?

On a plein de matériel qu’on va sortir dans pas longtemps. Pour être honnête, on avait un album qui était quasiment bouclé l’été dernier, on l’a même annoncé, mais finalement ça n’est pas sorti et pendant les 6 mois suivants on a continué à enregistrer en attendant une opportunité avec un label. Ça a vraiment été du temps perdu. On va sortir des trucs cette année, faire plus de concerts, j’espère qu’on tournera en Europe et peut-être aux États Unis cet hiver.

Est-ce que vous allez venir en France ?

Ce serait génial ! Si tu connais des promoteurs en France qui aimeraient notre musique ! On a des contacts en Allemagne et au Benelux, mais la France ça serait bien.

Est-ce qu’il y a une question que tu aimerais qu’on te pose pendant une interview ?

Celle-là. Cette question.

Est-ce qu’il y a autre chose que tu aimerais ajouter ?

J’aimerais parler de la vertu d’un esprit vraiment ouvert, la valeur de la nuance et de la liberté d’expression. Ce sont des choses que j’essaie de développer, spécialement en ce moment où les gens ont des positions souvent figées. Quand on vit dans des bulles culturelles et idéologiques, on est en proie à la stagnation, quelle que soit ta tendance politique. Gauche ou droite ? Je préfère une échelle verticale de progression, avec des remises en question, de l’appréciation des bonnes choses apportées par l’humanité et un sain scepticisme.

Laquelle de vos chansons est-ce que tu utiliserais pour illustrer cette interview ?

But A Poem, de notre album Glow, qui résume bien tout ça.

 

https://www.facebook.com/goldcelesteband/

Discographie (album)
The Glow (2015)

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