Les Secrets les Mieux Gardés de la Pop (1) : Chris Cohen

Multi-instrumentiste, batteur depuis sa tendre enfance, à une époque membre ou collaborateur de Deerhoof, The Curtains, Natural Dreamers, Cryptacize, Cass Mc Combs, Ariel Pink et Weyes Blood, Chris Cohen est en plein lancement de son nouvel album.  A trois jours du début de sa nouvelle tournée, l’artiste a répondu entre deux portes aux questions de Fanfare.

Ce nouvel album a été écrit et enregistré sur une période de deux ans, pendant laquelle Chris a d’abord gravé ses mélodies sur son téléphone avant de les retravailler au piano. A la différence du précédent, sur lequel il jouait de tous les instruments, il s’est cette fois entouré entre autres de Katy Davidson (Dear Nora), Luke Csehak (The Lentils), Zach Phillips, et du saxophoniste Kasey Knuds.

Comment est-ce que tu te décrirais ?

Prudent, du genre à douter ou à compliquer les choses, spirituel mais pas religieux, quelqu’un d’aimant mais qui peut parfois être distant.

Où es-tu né ? 

A Los Angeles.

Est-ce qu’il y avait beaucoup de musique à la maison ?

Il y avait plein de disques chez nous, que seuls ma sœur et moi écoutions. On parlait pas mal musique à la maison parce que mon père était dans l’industrie musicale. (Le père de Chris a été directeur de théâtres et de maisons de disques, sa mère actrice à Broadway). Je parle beaucoup de mes parents dans mon nouvel album. En gros les paroles du disque parlent plutôt d’eux, la musique parle de moi.

Sur le site de sa maison de disques, Captured Tracks, Chris explique: « Mes parents ont divorcé pendant l’enregistrement de l’album. Ils ont été mariés 53 ans et mon père a passé la majeure partie de sa vie au fond d’un placard, dans lequel il cachait à la fois son identité sexuelle et ses diverses addictions aux drogues. Moi, j’ai eu l’impression de me livrer d’un énorme fardeau et que ma vie allait commencer. » 

Chris Cohen
Crédit photo Ebru Yildiz

Avant d’ajouter: «Ce n’est pas un disque confessions comme on l’entend parfois. Plutôt que d’appuyer sur des plaies ouvertes, l’album regarde vers l’avant en emportant le passé sous son bras… Aucune de ces chansons n’est abrasive ou même agressive. Song They Play, le titre qui ouvre le disque évoque l’enfance de Chris et ses tentatives de capter l’attention de son père: «J’avais de temps en temps des lueurs sur le monde complexe de mes parents. Quand je chante ce type de trucs, je suis en train d’essayer de communiquer tout ce que je n’arrive pas à exprimer dans la vraie vie.» A propos de Green Eyes, premier single issu de ce nouvel album, Chris explique  : « Elle parle des hommes de ma famille et la manière dont ils se sont transmis leur vision du monde avec une grande distance émotionnelle. Mon père et mon grand-père étaient bourrés de secrets, cela avait des répercussions sur les gestes les plus banals de leur quotidien, quand ils conduisaient leur voiture ou cuisinaient. On voulait tous se rapprocher les uns des autres mais on n’y est jamais parvenu.»

 

 

Est-ce que tu aurais une petite anecdote d’enfance qui te caractérise bien ?

Ma mère a commencé à accoucher de moi après un accident de voiture.

Est-ce que tu pourrais me donner 2-3 chansons qui te touchent vraiment et m’expliquer ce qui t’émeut autant ?

Pendant l’enregistrement du nouvel album, j’ai beaucoup écouté la chanson Dancing de John Martyn. Elle a un son entraînant et c’est comme un océan de rêve mais en même temps il y a une vraie tristesse intrinsèque. C’est un homme qui chante à son amoureuse qu’il sort seul le soir et danse sans elle.

Il y a une autre chanson dansante que j’ai beaucoup écoutée: Dance with Cha Girls de Jem Targal. J’aime ce titre parce qu’il ne ressemble à rien d’autre stylistiquement parlant. Et aussi dans sa manière d’assembler de petites parties musicales isolées pour en faire quelque chose de grand: c’est juste un shaker, une basse, un piano et une voix mais c’est plein de sensations et d’atmosphère.

Quel a été le premier disque que tu as reçu en cadeau ? 

Ma mère m’a offert deux K7 pour que je puisse m’accompagner au tambour quand j’avais trois ans, la compilation bleue des Beatles 67-70 et les plus grands succès des Eagles. Je n’ai jamais écouté les Eagles.

Et le premier que tu as acheté ?

C’est, je crois, la compilation du label K-Tel The Best of Today’s New Rock, sans doute pour les titres Hurts So Good de John Coughar et Working for the Weekend de Loverboy.

De quoi aimerais-tu parler pour conclure cette interview ?

Ce n’est pas à propos de musique et c’est peut être controversé, mais j’aimerais encourager les gens à en finir avec les prisons et les nations et aussi considérer la possibilité de faire moins d’enfants. L’espèce humaine est en train d’être rejetée par le reste de la nature et nous devons minimiser les dommages que nous causons aux autres êtres vivants.

Laquelle de tes chansons aimerais-tu qu’on utilise pour illustrer cette interview ? 

Pourquoi pas No Time to Say Goodbye (le dernier extrait du nouvel album, Chris Cohen).


Discographie solo :
Overgrown Paths (2012)
As If apart (2016)
Chris Cohen (2019)

chriscohen.bandcamp.com

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