I Love My Label (11) : Wiaiwya

Tous les vrais fans d’indie pop ont forcément déjà tenu entre leurs mains un disque estampillé Wiaiwya. En 25 ans, ce label londonien – connu notamment pour son formidable Singles Club, wiaiwya-7777777 – a accroché à son tableau de chasse des noms aussi prestigieux que ceux de Saint Etienne, Allo Darlin, Spearmint, Darren Hayman ou Birdie. Rencontre avec son fondateur, John Jervis.

John Jervis (wiaiwya)

John, pourriez-vous nous présenter Wiaiwya ?

Wiaiwya (where it’s at is where you are) a vu le jour peu de temps après la mort de ma mère. Sarah Records venait de mettre un terme à ses activités, il semblait donc y avoir de la place pour un nouveau label. J’avais quelques amis qui formaient un groupe, j’avais du temps devant moi et un peu d’argent. J’avais lu le guide de Simple Machines pour sortir ses propres disques… Le premier single de Girlfrendo est sorti début 1997. John Peel l’a diffusé (il m’a téléphoné à l’antenne – je n’étais pas là) et il s’est retrouvé « sold out »… Le nom du label est tiré d’une chanson de Huggy Bear.

Pour découvrir le label, le mieux est d’aller sur la page Bandcamp et de télécharger notre sampler gratuit (Living High On The Dirty Business Of Dreams tire son nom d’une biographie de Dean Martin !).

Vous pouvez aussi écouter toutes les sorties de 2020 sur Spotify (et aller ensuite sur Bandcamp pour acheter celles qui vous plaisent !)

Quels sont les labels qui vous ont le plus inspirés ?

Matt et Claire de Sarah Records ont été une grande inspiration, tout comme Tsunami avec Simple Machines, les Beastie Boys avec Grand Royale des Beastie Boys, des indés comme K et Kill Rock Stars, et des labels plus importants comme Island et Virgin.
Je n’écoute pas que de la musique indie, je n’ai donc jamais eu l’intention de sortir exclusivement des disques à consonance indie.
En 1997, j’écoutais les Cardigans, les Spice Girls, Nick Cave, Jon Spencer, les Manics et les Lemonheads.

Comment choisissez-vous les artistes et comment arrivez-vous à les convaincre de vous rejoindre ?  

Rien d’original : ce sont des artistes que j’apprécie, tant sur le plan personnel que musical. Ça ne sert à rien de se casser la tête si on ne s’entend pas, et il n’y aurait aucun intérêt à sortir des disques que je n’aurais pas envie d’écouter encore et encore… En général, j’écoute la musique d’un artiste, je lui demande s’il aimerait faire un disque, je le rencontre (quand c’est possible), on prend une pinte, on discute de ses projets, on fait des disques…

Pensez-vous que la musique sur support physique a encore un avenir ?

J’en suis persuadé. Les formats numériques sont une excellente façon d’écouter des choses que vous ne pourriez jamais entendre autrement, ça offre d’immenses possibilités. Mais quand vous tombez sur quelque chose que vous aimez et que vous le trouvez le disque, que vous le sortez de sa pochette, le mettez sur la platine, que vous admirez l’artwork et que lisez les notes de la pochette – c’est là que ça devient réel…

Comment les ventes du label sont-elles réparties entre les formats physique et numérique ?

Beaucoup plus de gens écoutent des titres en streaming qu’ils n’en achètent, et beaucoup plus de gens achètent physiquement que numériquement… A l’heure actuelle, les revenus des ventes numériques représentent environ 10 % de ceux des ventes physiques, et les ventes de vinyles sont environ dix fois supérieures aux ventes de CD.

De quels pays sont originaires les gens qui commandent vos disques en ligne ?  

Cette année a vu une baisse des ventes en dehors du Royaume-Uni. Nous savons tous pourquoi. C’est clairement une mauvaise chose, c’est contrariant et cela me met en colère… J’ai un client régulier en Israël, un autre à Singapour. J’aime le fait qu’au moins une personne dans chacun de ces pays creuse son propre sillon ! A part ça, il s’agit du Royaume-Uni, de la France, de l’Allemagne, des Etats-Unis, du Japon – les pays auxquels on peut s’attendre.

Quels rapports entretenez-vous avec les clients du label ?

Ils sont brillants – enthousiastes, généreux, solidaires, fidèles, intelligents, drôles, séduisants, stylés – mais il y a encore de la place pour quelques-uns de plus !

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui lancerait un label ?

Faites-le tant que vous y prenez du plaisir, arrêtez quand ce n’est plus le cas. N’engagez jamais plus d’argent que vous ne pouvez vous permettre d’en perdre. Travaillez avec vos amis, n’arnaquez pas les gens, soyez gentils. Que des choses très classiques, en résumé… Oh, et écrivez-moi si vous avez des questions spécifiques, j’essaierai d’y répondre.

Quel groupe ou artiste aimeriez-vous signer ?

J’ai eu la chance de sortir des disques de mes musiciens préférés (Saint Etienne, Darren Hayman, Rose Melberg, The Wedding Present, Pete Astor, Comet Gain, Emma Kupa, Withered Hand, The Wave Pictures, Spearmint, Amelia Fletcher – la liste est longue). Mais il y aurait toujours de la place pour un disque de Jonathan Richman, ou un nouveau classique de Paul Collins, ou le retour de Tracie !

Quels sont vos prochains projets ?

C’est une nouvelle année chargée, avec de nouveaux disques de Freschard, Corvair, Spaceship, The Great Electric, Beneather, un disque de Noël et un album secret que je suis très heureux de sortir. À long terme, ce serait formidable de sortir encore beaucoup d’autres disques de The Leaf Library. L’année prochaine, le label aura 25 ans. Je devrais sans doute commencer à réfléchir à la manière de célébrer cela. Avez-vous des idées ?

Quels sont pour vous les trois disques qui résument le mieux le label ?

Rabbit Kids de Shrag sonne toujours incroyablement bien.

Je défie quiconque d’avoir plus de plaisir à sortir un disque que nous n’en avons eu avec Lido de Darren Hayman.

Et le prochain, qui sera le premier LP de Corvair. Le prochain disque est toujours la meilleure façon de résumer un label.

Un mot pour définir Wiaiwya ?

Merveilleux !

wiaiwya.com
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