Un authentique surdoué de la mélodie, un compositeur pop minutieux et résolument insensible aux contingences de son époque.
Les plus belles rencontres musicales sont bien souvent le fruit du hasard, tout simplement parce que nous nous laissons guider par le logo d’un label ami au dos d’une pochette de disque. Prenez l’impeccable Lojinx, auquel nous devons notamment les dernières publications de valeurs sûres et éminemment respectées telles que The Posies, Fountains Of Wayne, They Might Be Giants ou encore Pugwash. C’est par le biais de cette valeureuse structure britannique, au sein de laquelle il doit se sentir comme un poisson dans l’eau, que le Suédois David Myhr fait aujourd’hui un retour éblouissant, six ans après Soundshine, un premier album solo qui le présentait en dépositaire officiel du savoir-faire de Jeff Lynne et Paul McCartney. Fondateur du groupe power-pop The Merrymakers, Myhr est un authentique surdoué de la mélodie, un compositeur pop minutieux et résolument insensible aux contingences de son époque. Les chansons érudites de David Myhr racontent avec force détails une sorte de paradis perdu, qui n’existerait que dans nos rêves les plus fous. Un monde parfait où Crowded House exercerait un règne sans partage sur les hit-parades, où Matthew Sweet et Jason Falkner seraient les derniers producteurs-pygmalions à la mode et où XTC donnerait bientôt le coup d’envoi d’une tournée des stades à guichet fermé.

Tandis que se succèdent paisiblement les différentes plages de ce bien nommé Lucky Day, véritable masterclass de songwriting pop, on en vient à imaginer que notre poste de radio s’est peut-être offert un voyage dans le temps, pour venir se caler sur la fréquence d’une station « AM » des années soixante-dix. En 2018, il y a en effet quelque chose d’anachronique dans ces refrains qui décollent, tournoient dans les airs et vous collent aux basques du matin jusqu’au soir (Jealous Sun, The Perfect Place), dans ces choeurs qui pétillent et vous mettent le rose aux joues (Room To Grow, If You Really Think It’s Over), dans ces éclaircies mélancoliques qui flirtent avec la soft-pop (Everyday It Rains, Wait Until Moment). Cerise sur le gâteau, Lucky Day est encore plus indispensable dans sa version CD, qui contient quatre « bonus tracks » de tout premier choix (des reprises bien senties du Military Madness de Graham Nash et du Somewhere In My Heart d’Aztec Camera, mais surtout l’étonnante construction à étages de Spellbound, déjà sorti en single). En toute logique, ce deuxième long format, enregistré entre Stockholm et Nashville avec Brad Jones (Josh Rouse, The Autumn Defense), devrait donc faire le bonheur de tous les amateurs de pop inventive et intemporelle. Dans ce domaine, Myhr fait le maximum.
Discographie
Soundshine (2012)
Lucky Day (2018)
Crédit photo : Andy Diffee